Le capitaine de la sélection géorgienne et des Black Lions, Merab Sharikadze, connait bien l’Auvergne pour avoir évolué durant 5 saisons à Aurillac. Il nous salue en Français, dès la fin de son entraînement, mais préfère s’exprimer en anglais. Avant la réception de Clermont qu’il considère comme un évènement majeur pour le rugby géorgien, il affirme toute sa détermination et sa fierté à l’idée de représenter son pays. Interview…
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Merab, quel a été votre réaction vous avez appris que Clermont allait venir jouer à Tbilissi ? Est-ce un club particulier, ici ?

Oui, c’est un club qui est extrêmement respecté, ici, avec de nombreux joueurs historiques de la Géorgie qui ont porté ce maillot. C’est un grand plaisir et un grand honneur pour nous de jouer contre l’ASM.

 

Tu as joué longtemps à Aurillac. Quels souvenirs gardes-tu de l’Auvergne ?
C’est un pays magnifique, les gens y étaient chaleureux, je ne garde que de bons souvenirs de mes années à Aurillac.

 

Le Black Lion représente un peu la Géorgie. Est-ce une fierté pour toi, d’être avec cette équipe dans cette compétition européenne ?

Nous sommes proches d’une équipe nationale. En fait c’est un peu une deuxième équipe nationale puisque nous sommes tous rattachés à la fédération géorgienne (joueurs et staffs). Il n’y a pas vraiment de différences. Évidemment c’est un grand honneur pour moi de jouer avec cette équipe et d’évoluer, pour la première fois, dans une compétition européenne où nous avons la chance de croiser des équipes comme celle de Clermont.

Cette compétition est très importante pour nous. Nous attendions depuis longtemps d’avoir la possibilité de jouer des matchs de haut-niveau comme ceux-ci.

 

Qu’as-tu pensé du parcours de ton équipe sur les trois premières journées ?
C’est un tournoi de très haut niveau. Le premier match face à Gloucester était difficile pour nous car il fallait intégrer tout ce que représente cette compétition. La semaine suivante nous sommes allés réaliser un exploit au Pays de Galles face aux Scarlets, ce fut un excellent souvenir pour l’équipe. Puis, lors de la dernière journée, nous avons eu un match compliqué à Castres. Nous avons vu ce que c’était de jouer une équipe française et nous nous attendons à quelque chose d’au moins aussi difficile, samedi face à Clermont. Nous devrons donner le meilleur de nous-mêmes.

 

Est-ce que tu penses que les Scarlets s’attendaient à un tel niveau des Black Lions ?
Probablement pas ! Je ne pense pas qu’ils s’attendaient à ce que nous avons proposé et cela même s’ils ont regardé notre premier match face à Gloucester. Le rugby est un sport particulier où si tu ne prends pas ton adversaire avec suffisamment de sérieux, tu peux avoir de mauvaises surprises et en payer les conséquences.

 

Penses-tu que Clermont peut tomber dans ce piège-là ?
Je ne suis pas sûr. Depuis que nous avons battu les Scarlets, les choses ont changé. Nous avons aussi donné du fil à retordre à Gloucester et lutté pendant une heure à Castres. Je pense que les Clermontois considèrent que nous sommes à notre place dans cette compétition et que ce ne sera pas facile.

On annonce plus de 20 000 supporters dans le stade : c’est incroyable …

Comment être plus fiers ? Cela va être fantastique, c’est quelque chose dont nous nous souviendrons. Les Black Lions n’ont joué que quelques fois dans le grand stade, c’est super pour tout le monde, pour le rugby géorgien.

 

Il y avait 1000 supporters à Castres également la semaine dernière…

Tu sais, nous jouons tous pour les supporters. C’est pour cela que le sport en général existe ! Les supporters sont derrière nous, tout le temps. On doit tout donner pour heureux, c’est le plus important. C’est un vrai plaisir, pas juste pour moi, pour tous les sportifs qui ont la chance d’être soutenus comme nous le sommes. Je suis certain que les joueurs clermontois aiment autant que nous leurs supporters, tout le monde veut avoir cela !

 

Que représente cette équipe des Black Lions pour les Géorgiens ?
Je pense qu’ils sont heureux de voir de jeunes joueurs encadrés par des joueurs internationaux. Ils voient vraiment cette équipe comme une équipe nationale et ils y accordent la même ferveur patriotique.

Quand tu es le plus infligent dans une pièce, ce n’est jamais bon pour toi … il doit toujours y avoir des gens plus importants que toi pour te tirer vers le haut. 

Tu vas jouer un match dans lequel vous pouvez vous qualifier …

Oui c’est une pression supplémentaire (rires). Mais on ne doit pas se poser de questions. Nous devons donner 100% de ce que nous sommes capables. Si on gagne, nous serons qualifiés et ce ne sera que du bonus. Si nous n’y parvenons pas, le plus important sera d’avoir donné le meilleur, d’avoir bien joué et de n’avoir aucun regret. On sait que ce sera très dur car Clermont est l’une des meilleures équipes de France avec une grande histoire dans le rugby européen, mais ce sera un super match pour nous.

 

Quel secteur vous allez devoir maîtriser pour contrer les Clermontois ?
On a regardé leur jeu, ils jouent avec beaucoup de vitesse, ils mettent beaucoup de danger, attaquent les lignes et jouent après-contact. Je pense que notre défense aura un grand rôle à jouer pour tenir leur attaque. Si nous défendons bien, nous aurons une opportunité de remporter cette rencontre.

 

Est-ce qu’un bon parcours des Black Lions dans cette première compétition européenne peut faire progresser le Rugby géorgien ?
Absolument, c’est pour cela que nous attendions cette opportunité afin de montrer que nous avons notre place dans ce niveau. C’est une superbe opportunité de croissance pour le rugby géorgien. La compétition européenne est la meilleure voie de progression. Si tu ne joues jamais contre des équipes meilleures que toi, tu ne peux pas grandir. Il y a une expression qui dit que « Quand tu es le plus infligent dans une pièce, ce n’est jamais bon pour toi … il doit toujours y avoir des gens plus importants que toi pour te tirer vers le haut. »