Hier soir dans les salons du stade Marcel-Michelin, Christophe Urios avait rendez-vous avec l’Interclubs pour une présentation et un questions-réponses avec une bonne centaine de supporters. Un exercice parfaitement maîtrisé par le nouvel homme fort du rugby auvergnat qui a imposé son style et installé en quelques phrases une proximité avec la Yellow Army à l’écoute de son authenticité et sa franchise.

 

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Il n’y a pas de doute, Christophe Urios sait parler aux gens et séduire son auditoire. Ce premier rendez-vous avec les supporters clermontois a fait l’unanimité tant l’Audois a su installer la proximité qu’attendait son public et lui offrir un discours clair et sincère.

Après une brève introduction d’Audrey Dulondel, présidente de l’Interclubs, et de Jean-Michel-Guillon, président de l’ASM Clermont Auvergne, le nouvel entraîneur clermontois a durant 2 bonnes heures détaillé sa motivation et son envie de « replacer l’ASM là où elle doit être. » Très heureux de porter ses nouvelles couleurs, il a révélé que « dès les premiers contacts avec le club » il savait qu’il serait Clermontois avant de rendre aussitôt hommage aux supporters qui donnent une âme particulière au Michelin. « J’ai toujours eu beaucoup de considération pour ce club, cette atmosphère et le respect qu’il peut y avoir dans ce stade. Pour moi, l’ASM est une marque, peu de clubs possèdent une telle identité. » Et c’est bien sur celle-ci qu’il compte s’appuyer pour mener à bien sa mission en la faisant à nouveau partager à ceux qui aiment ce club. « Je veux que les gens qui viennent ici au Michelin, partagent des émotions, parce que c’est ça le Rugby. Il m’est insupportable de penser que les supporters ne se reconnaissent pas dans leur équipe. » Conscient que les supporters ont été déçus, Christophe ne mène pas une opération séduction pour masquer les manques, il sait que la solution passera par de la cohésion, du travail et du cœur. « Je suis un mec de la terre, je sais les endroits où il faut travailler dur pour y arriver. Je veux que nous trouvions le caractère qui nous permettra de passer au-dessus des problèmes de confiance » dont souffre actuellement l’équipe. L’ancien talonneur fédère : c’est sa marque de fabrique, et il ne faut que quelques minutes pour qu’il embarque avec lui l’ensemble de son auditoire. « J’aime créer des liens, partager nos joies, nos peines et nos doutes aussi. J’aime ces échanges que les supporters comprennent qui nous sommes et comment nous avançons … On a besoin de vous parce qu’on ne le fera pas tout seul ! Alors, venez au Michelin avec les cousins, les cousines, les voisines, les voisins, je suis convaincu que tous ensemble nous ferons bloc ! »

" J’aime créer des liens, partager nos joies, nos peines et nos doutes aussi. J’aime ces échanges que les supporters comprennent qui nous sommes et comment nous avançons … On a besoin de vous parce qu’on ne le fera pas tout seul !  "

Christophe URIOS

Déjà parfaitement à son aise, lors de sa présentation initiale Christophe Urios s’est encore rapproché un peu plus des supporters lors d’une séance de questions / réponses où il ne s’est jamais défilé alternant entre humour, sincérité et conviction dans un style bien à lui. Les supporters furent hilares lorsqu’il réplica à un des leurs se questionnant sur l’absence des drops dans les plans de jeu auvergnats. « T’es nostalgique de Camille (Lopez) toi non ? T’es de la famille ? » L’incitant ensuite à relever un pari où un repas au restaurant était en jeu avant de le prévenir « et fais attention parce que moi, il vaut mieux m’inviter au cinéma qu’à table ». Les bons mots, Christophe les distille pour détendre et fluidifier les échanges comme lorsque les supporters en appellent au respect qu’ils souhaitent à nouveau voir coller aux Jaune et Bleu dans les institutions, au niveau de l’arbitrage. « Vous le savez, ce que je déteste profondément c’est le sentiment d’injustice et lorsqu’il y a quelque chose qui ne me plait pas, je le dis. Vous le savez, vous me l’avez souvent reproché d’ailleurs lorsque je suis venu ici… J’en ai entendu des « Tais -toi, tu vas la fermer Christophe ! » Je n’ai pas changé moi, je ne me tairai pas si j’ai des choses à dire, mais c’est marrant que vous me le demandiez aujourd’hui » lâche-t-il dans un grand sourire. Le ton devient nettement plus ferme lorsqu’un « coup de gueule » fuse de l’assemblée relevant la frustration d’un supporter regrettant l’absence de reconnaissance des joueurs sur un déplacement européen « tu as raison et cela ne se reproduira plus ! » L’ancien talonneur ne s’est pas enlevé sur les interrogations autour du niveau de jeu, du recrutement, ou des leaders. Lucide et sûr de ses convictions il a balayé les questions une à une. « Il ne faut pas se le cacher, aujourd’hui, cette 11ème place est la nôtre. Mon objectif est de retrouver le chemin. Faire que l’on soit capable de mieux. Nous avons besoin de retrouver des avants conquérants. On souffre actuellement d’un manque de puissance et nous avons besoin de retrouver de l’intensité pour gagner le combat. Pour moi, dans le Rugby, il faut de l’ordre et l’ordre : il est physique. Quand tu domines ton adversaire, tout devient plus simple. Cela fait partie du chemin et il faut que tous aient envie de le suivre. Dans ma méthode, il n’y a jamais de bouc émissaire, je n’ai jamais fonctionné comme ça. La réponse est toujours collective. »

Son discours, lui, fédère sur et en dehors du terrain. Les mots claquent, l’audience acquiesce avant de se détendre lors de l’épilogue de l’entraineur clermontois qui révèle ses trois passions : « le Rugby, le vin et le management ». Une dernière boutade met un terme aux échanges « formels » : « Bon maintenant que vous connaissez mes vraies passions, je vous le dis : je suis poli, je parle avec tout le monde mais si le sujet ne m’intéresse pas vraiment, je peux vite changer de table ! ». Les échanges « informels » se sont prolongés dans la soirée dans les groupes de supporters… on ne l’a pas vu s’échapper d’une discussion ! Le feeling entre le coach et la Yellow Army est parti sur de bonnes bases.