Le demi-de-mêlée clermontois, Sébastien Bézy, disputera, samedi sur la pelouse du Hameau, son 200ème match de Top 14. Il entrera ainsi dans le club restreint des joueurs les plus expérimentés du championnat, 12 ans après son premier match face à Bourgoin. Auteur d’un excellent début de saison, il nous raconte l’évolution de son poste, son rôle dans le groupe et son envie d’aller chercher encore d’autres victoires marquantes et de nouveaux titres. Entretien…
 
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Le sourire du demi-de-mêlée clermontois est une constante du vestiaire Jaune et Bleu. Comme beaucoup de ceux avec qui il partage ce poste si particulier, il a ce petit côté « attachant » qui lui colle à la peau. En prenant un malin plaisir à chambrer ses camarades du soir au matin, il sait manier la notion de celui qui « aime bien châtie bien » avec les gros et les trois-quarts dont il fait le lien sur et en dehors du terrain. Et Seb ne s’en prive pas. Ainsi quand on lui annonce qu’il jouera son 200ème match de Top 14 samedi prochain la réponse fuse dans un sourire « ça veut dire que je ne suis plus tout jeune ! » se marre-t-il. A 32 ans, il a encore de la marge pour aller en chercher bien d’autres et ce compétiteur affirmé se prend aussitôt au jeu de chercher (avec un peu d’aide) ceux qui sont déjà dans le club des « 200 » où il s’invitera samedi prochain. « Jules …Benji et … Rabah évidemment ! C’est tout ? Ça ne fait pas beaucoup, mais ça fait plaisir. Cela montre aussi que j’ai travaillé pour jouer à ce niveau là depuis quelques années. » Pas vraiment le genre à compter ses matchs, ou à sacraliser ce passage, Sébastien se projette aussitôt sur le déplacement dans le Béarn. « J’espère surtout que ce match de la 200ème se passera bien… pas forcément pour moi mais pour nous. Pau est une belle équipe qui prétend à jouer les 6 premières places du championnat, nous avons besoin de relever la tête après le match à Gloucester. » Il faut le ramener en arrière pour lui rappeler son premier match de Top 14. « Ah celui-là je m’en souviens très bien ! C’était face à Bourgoin à Ernest Wallon (en avril 2011 alors qu’il n’avait que 19 ans) dans un match où cela s’était bien passé et où j’ai eu la chance de rentrer assez tôt à la place de David Skrela (pendant que Jean-Marc Doussain glissait à l’ouverture). » En 13 saisons le joueur a bien changé. « Je suis surtout devenu bien plus costaud ! » en rajoute-t-il… « bon même si je ne suis pas encore un monstre ! » L’homme aussi « Je suis marié, papa, j’ai des cheveux blancs … » poursuit-il entre deux fou-rires mais le plus important est ce qu’il reste « l’envie de jouer au rugby, de prendre du plaisir sur le terrain et de remporter des matchs ».
 

Le rôle de demi-de-mêlée a également beaucoup évolué notamment dans la responsabilité du jeu au pied où la gestion de l’animation offensive sur ses 13 saisons dans le monde professionnel. Deux secteurs que Sébastien a beaucoup travaillés pour en faire des qualités qui en font aujourd’hui une référence. « Je crois que c’est une évolution naturelle liée à l’expérience. Je me rappelle que quand j’étais un jeune joueur, je voulais jouer tous les ballons, je me faisais engueuler toutes les semaines par les Dusautoir, Albacete et compagnie quand je jouais un peu trop… L’expérience t’apprend à gérer les mauvais ballons tout en gardant une part de folie pour jouer les bons et apporter de la vitesse. » Apprendre c’est aussi transmettre et après avoir su évoluer à l’écoute des conseils des anciens leaders toulousains, c’est à son tour de prendre sous son aile, les jeunes du club à commencer par Baptiste Jauneau. « Un peu moins cette saison car je suis en train de passer le BE (Brevet d’État d’entraineur) mais lors des 2 dernières années, je venais avec Baptiste tous les mercredis pour travailler le jeu au pied et échanger sur le poste. Si je peux apporter quelque chose à un autre joueur, qui plus est demandeur : c’est très enrichissant pour tout le monde. » Le rôle de Sébastien dans le groupe va bien au-delà du conseil individuel à l’image de sa prise de parole, vendredi soir dernier dans le vestiaire de Gloucester après la défaite concédée en Angleterre lors de la deuxième journée de Challenge Cup. « Forcément c’est quelque chose que je n’aurais probablement pas fait à Toulouse lors de mes premières années quand tu voyais les noms qu’il y avait autour » … mais avec le temps et l’expérience la légitimité devient toute naturelle. « Nous sommes tous des compétiteurs, nous n’acceptons pas quand cela ne se passe pas bien et il faut savoir le dire. Je sentais qu’il fallait que je le fasse comme cela m’arrive parfois. Le groupe était un peu abattu, je ressentais le besoin de réveiller un peu tout le monde avant Pau. » Le demi-de-mêlée a ainsi pris ses responsabilités et la parole afin de balayer au plus vite la déception de ce match pour ne pas entamer le prochain. C’est aussi cela qui sépare son premier de son 200ème match de Top 14, la faculté de sentir le moment où il faut mettre entre parenthèses son sourire habituel pour entrer dans les tripes du groupe. Et même si son sourire est revenu, la détermination de rebondir dans les Pyrénées, pas très loin d’Argelès-Gazost où il a des origines familiales, a dirigé toute sa semaine. « Face à une équipe qui défend très bien, nous ne pouvons pas concéder des points aussi facilement que nous l’avons fait en Angleterre. Pau est capable de tenir le ballon sur de très longs temps de jeu, nous devrons être à la hauteur pour ramener des points » : les seuls souvenirs qu’il souhaite ramener du stade du Hameau pour sa 200ème. « Quand tu t’approches plus de la fin que du début de ta carrière, l’envie de gouter, à nouveau, aux phases finales et aux grands matchs est décuplée. C’est pour cela que je me suis engagé pour deux saisons supplémentaires, pour aller chercher ces moments-là. » 


Bien dans une Auvergne qu’il a adoptée en compagnie de toute sa petite famille, Seb reconnait qu’il « ne se voyait pas ailleurs ». Cela tombe bien, le demi-de-mêlée tourne à 200 à l’heure depuis le début de saison. On peut compter sur lui pour garder le sourire.