Arrivé cette saison au club, Vincent Giacobbi a le regard droit et les idées claires. Corse de naissance, il a grandi dans une famille très « Rugby » avant de se construire une carrière dans le domaine de la performance en Afrique du Sud puis au Castres Olympique. Dans un domaine où « l’objectivité » est une règle, il s’assurera des outils, tests et mesures nécessaires au suivi de la progression des joueurs mais aussi à la planification et aux passerelles essentielles entre le staff sportif, la préparation physique et le médical. Entretien…
Vincent le sait « la gestion de la performance n’est pas forcément une science exacte » pourtant cet ancien Rugbyman passé par le Racing, Beziers, Narbonne et Stellenbosch (Afrique du Sud) recherche un maximum de maîtrise et d’objectivité sur chaque dépense physique des joueurs. « Pour pouvoir comparer et progresser il faut pouvoir être objectivé : il faut une valeur, un benchmark, quelque chose qui nous permet de nous positionner et d’avancer. A partir du moment où il n’y a pas d’objectivité par rapport à un secteur cela devient subjectif et dans nos métiers : ce n’est pas ce que nous recherchons ! » Le discours est carré, son domaine l’est tout autant et ne laisse que peu de place au hasard. « Mon rôle est celui de responsable de la performance : un rôle transverse entre les entraineurs, la prépa physique et le médical. Il est de créer des passerelles, les entretenir et faciliter les échanges entre ces différents domaines afin de coordonner un contenu adapté à ce que nous décidons de mettre en place sur le terrain ». Il agira ainsi, en lien proche avec Christophe Urios (avec qui il a travaillé durant de nombreuses saisons) sur la planification des semaines et des charges de travail. « Il ne faut pas voir cela simplement comme une succession de séances d’entrainement » explique-t-il. « C’est une organisation logique vis-à-vis à des ordres de priorité et une chronologie en fonction des intensités que nous souhaitons voir. Dans tout ce que nous faisons, nous allons chercher à maîtriser l’activité, la qualité du mouvement et son intensité. »
Toute une alchimie à trouver autour de l’activité physique et la charge de travail
Christophe Urios l’a dit et répété « ce qui est important est de voir mes joueurs sur le terrain ». C’est aussi le credo du responsable de la performance des Jaune et Bleu. « Pour pouvoir faire de la prévention, il faut mettre en place des variables de travail et des normes d’une façon objective. Ainsi, nous mesurons les volumes de déplacement, la qualité de ces déplacements et tout ce qui est parallèle au développement de ce déplacement. L’idée est de mettre de la force appliquée au sol afin de pouvoir accélérer de manière répétée et enchainer les distances explosives sur le terrain comme le demande notre sport. Tout ce que nous mettons en place est objectivé et quantifié pour avoir des valeurs facilement mesurables : avoir un suivi et des données sur lesquels nous pouvons nous appuyer. » Malgré un « très gros travail réalisé par Mourad, Benoît et Salim l’an dernier » reconnu par Vincent, une marge de progression existe dans le domaine de la performance. « La culture du membre inférieur n’est pas très ancrée au club et il faut continuer de la renforcer avec des outils au-delà de ce qui a été fait. Voir des joueurs de 110, 120, 130 kg parfois avec des qualités de membres inférieurs avec des normes basses ou moyennes c’est compliqué … ça ne me va pas ! » Les échanges avec la préparation physique ont déjà porté leurs fruits puisque après 3 semaines Vincent constate déjà des « adaptations physiologiques très intéressantes ». « Il faut travailler sur la qualité des mouvements (le ratio entre la force et la vélocité) ce sont des choses non négociables dans le travail du bas du corps, on ne peut pas avoir que la force ou la vitesse, il faut toujours avoir un compromis. » Toute une alchimie à trouver autour de l’activité physique et la charge de travail afin de développer les capacités de performance de chaque joueur. « Sur les premières semaines, les joueurs étaient à des niveaux un peu faibles de normes de poids / puissance. Là, nous retrouvons des valeurs intéressantes avec des valeurs clés qui sont en évolution significative dans le développement athlétique. Malgré la fatigue et la période où nous sommes dans de grosses charges de travail, les joueurs travaillent et progressent ».

Le but n’est pas d’avoir des marathoniens mais d’être capables d’enchainer des efforts explosifs comme le Rugby moderne le demande. « C’est un peu une pyramide inversée par rapport à ce que l’on nous a appris à l’école », sourit Vincent. « On ne veut pas avoir une présaison avec un pic de performance puis perdre ces valeurs, nous voulons avoir un haut niveau de performance tout au long de la saison. Les périodes de régénération doivent permettre des rebonds qui ne sont valables que si nous ondulons cela correctement. Il y a une logique d’efforts et de récupération qui doit remettre à des joueurs de développer des qualités nerveuses et musculaires qu’ils n’avaient pas forcément. »
« L’objectif est d’avoir toujours des joueurs frais mentalement et physiquement du début à la fin de la saison afin de pouvoir retranscrire l’intensité que nous vouloir voir sur le terrain » … Ce sera la mission du responsable de la performance des Jaune et Bleu.
