Elles ont ce quelque chose en plus, cette façon de vous prendre la main et de vous entrainer vers des moments que vous n’êtes pas prêts d’oublier. Derrière un collectif qui a tout d’une « famille » simple et accessible, une confiance capable de bousculer des montagnes et un jeu toujours plus entreprenant, les Filles de l’ASM Romagnat se préparent à disputer une demie aux airs de remake de la finale de la saison dernière. Comme Montpellier, Blagnac voudra sa revanche. Comme en quart de finale, les Auvergnates ne comptent rien lâcher. Ceux qui étaient autour de la pelouse du stade Michel-Brun savent ce que cela veut dire… 

 

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Il y a des moments qui font aimer le sport. La fin de match que les filles ont vécue revenant au score dans les arrêts de jeu contre une très solide équipe montpelliéraine après une action de 3 minutes en touchant toutes ou presque le ballon fait partie de ceux-là. Jessy Trémoulière se chargea ensuite de claquer une transformation le long de la ligne de touche pour offrir la victoire aux siennes, délivrant les 2500 supporters présents qui virent leur rythme cardiaque prendre des tours avant d’exulter. « Nous étions vraiment déterminées à marquer ce dernier essai » confirme le plus calmement du monde, la talonneuse Mathilde Lazarko. « Ça a été très intense, mais on a su garder de la sérénité même dans les moments les plus difficiles. On savait toutes où on voulait aller et nous nous sommes donné les moyens de le faire ». Pas plus compliqué que cela pour les Romagnatoises ? « Si ! Ce fut difficile mais on a ce truc en nous » explique la centre Camille Delteil. « Tant que ce n’est pas sifflé on ne lâche rien et on s’accroche à notre objectif. Sur la dernière action, je pense que tout le monde a touché le ballon, nous allions toutes dans le même sens avec la même détermination et une vraie unité entre avants et trois-quarts avec des piliers capables de faire des passes comme des centres. Nous sommes toutes dans le même projet de jeu, cela nous rend hyper compactes, solidaires. » Des systèmes qui rassemblent que les filles ont cherché à développer tout au long de la saison faisant naître des certitudes sur lesquelles le doute n'a pas de prise. « Bizarrement, non… nous n’avons pas douté » confirme Camille. « Nous avons eu des difficultés à mettre en place notre jeu, nous avons longtemps joué dans un faux-rythme, commis trop de fautes dont les Montpelliéraines se sont nourries, mais nous savions quoi faire, quoi mettre en place pour gagner et chacune de nous savait qu’elle pouvait compter sur la copine d’à côté : c’est la vraie force collective de ce groupe. »  Cette confiance, les protégées de Fabrice Ribeyrolles l’ont faite grandir en développement leur palette offensive après le titre. « Après plusieurs saisons à structurer notre défense et notre conquête, nous avons fait l’effort sur le secteur offensif », poursuit la centre romagnatoise. « Fabrice et Vincent nous ont poussé à produire davantage, prendre des initiatives et jouer dans les intervalles… et ça a marché ! »

 

Le rituel des « repas de Famille » 

 

Cette confiance qui a sauté aux yeux, lors du quart de finale est aussi et surtout le fruit d’un lien bien plus profond qui unit ces filles. « La confiance : c’est le groupe qui fonctionne » simplifie Mathilde. « Nous sommes passés par plein de choses et avons appris à se recentrer sur celles qui fonctionnent et nous soudent. Quand on joue contre une équipe comme Montpellier, on tire une énorme fierté de tenir tête à de grandes joueuses comme ces filles… » Les Auvergnates en oublieraient presque qu’elles font aussi partie de celles-là, elles sont même championnes en titre : « C’est vrai », sourit Mathilde « mais on préfère toujours voir les chose avec humilité, le collectif nous ramène toujours dans le vrai » … ce vrai qui sépare la confiance de l’orgueil et permet de garder l’envie de se dépasser. Linda Djougang, internationale Irlandaise, arrivée à l’intersaison a rejoint l’Auvergne pour goûter à cette belle vague collective qui nourrit les ambitions des Filles. « Au début ce n’était pas facile, je n’avais pas vraiment confiance en mon Français (NDLR : infirmière de profession, Linda est aujourd’hui traductrice pour une société d’ingénierie), j’étais timide mais j’ai été super bien accueillie, acceptée dans cette famille. Ici, je suis chez moi. Notre force, c’est que tout le monde, pas simplement les filles qui sont sur le terrain mais aussi toutes celles qui s’entrainent te poussent à devenir meilleure : en tant que joueuse mais aussi en tant que personne. Je n’avais jamais vécu quelque chose de pareil avant, cela va bien au-delà du Rugby. Les liens qui sont créés sont très forts. On parle de famille, alors quand on est sur le terrain, ensemble, il y a forcément quelque chose de plus… » La petite famille a ses rituels comme nous le révèle Camille « c’est plein de petites choses, des attentions ou quelques rituels… par exemple quand nous partons en déplacement nous faisons toutes un petit quelque chose à manger que nous partageons à l’aller et surtout au retour. Un moment entre copines, à nous ! » Pas un artifice de management pour renforcer la complicité… nul besoin, elle saute aux yeux, c’est juste un moment de détente dont elles se nourrissent et se régalent avant de passer à l’étape d’après.

 

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La suite, ce sera Blagnac : une demie « remake » de la finale de la saison dernière où les haut-garonnaises se présenteront en Corrèze revanchardes. « On veut répondre présent et nous avons toutes envie de leur faire comprendre qu’on ne lâchera pas le bouclier comme ça » prévient Mathilde, la talonneuse Jaune et Bleu. « Nous savons que ce sera un match compliqué et qu’il faudra rester lucides, ne pas se laisser prendre par les émotions, poursuit Camille. Comme toujours, nous nous préparons en nous accrochant à nos bases, en s’appliquant à mettre en place ce que nous savons faire pour aller chercher une nouvelle finale. » Avant de retrouver Blagnac, les filles de Romagnat débordent d’appétit et celles qui n’ont pas vécu la saison dernière ne sont pas en reste… « J’ai tellement envie de vivre cela avec les filles », s’enthousiasme l’internationale Irlandaise, Linda : « J’ai vraiment faim ! »… et là on parle bien du terrain et pas du gouter que les filles prépareront comme à leur habitude pour l’après-match « en famille » qui nous l’espérerons tous trainera en longueur (et en décibels) sur une aire d’autoroute de l’A89 avant le retour à Romagnat.