En février 2022, nous vous racontions le « combat de Thomas », 6 mois après son terrible accident vasculaire cérébrale qui l’avait laissé entre la vie et la mort durant 48 heures avant que son père, Didier, ne le retrouve et permette sa prise en charge lourde et incertaine. Un an plus tard, nous avons retrouvé l’ancien seconde ligne des Espoirs sur les terrains des Gravanches avec les moins de 10 ans de l’ASM. Le jeune homme a remporté une première bataille : celle de la survie. Toujours aussi positif et combatif, il se tourne désormais sur la construction de son avenir. Le Rugby et l’ASM en feront partie…

En révélant le drame qui a changé la vie de Thomas Kloeckner (le long chemin de Thomas après son AVC) une énorme chaine de solidarité s’est créée. Un an après, nous avons décidé de reprendre des nouvelles, persuadés que la détermination de Thomas avait, comme nous l’écrivions en 2022, le pouvoir de compenser progressivement les dégâts de son accident survenu en juillet 2022. Un grand sourire aux lèvres, la démarche assurée, il nous accueille dans les couloirs du centre de formation avant de s’occuper des moins de 10 ans du club. « Je suis tellement heureux de me retrouver ici », lance-t-il en introduction avant de très vite « remercier tous les gens qui ont participé à la cagnotte et la bourriche (qui ont permis le financement de sa voiture adaptée et « changé sa vie »), mais aussi tout le personnel médical du service de rééducation de l’hôpital de Clémentel qui m’a suivi durant de longs mois ». Bien au-delà des espoirs initiaux, Thomas a récupéré et les progrès sont impressionnants que ce soit au niveau de la diction ou de la mobilité du côté droit, longtemps éteint. « Je n’ai plus que la main et le pied droits encore raides. Ma prise en charge est beaucoup plus légère. L’hôpital de jour, c’est fini. Je vois Arthur Roulin (kiné et ancien troisième ligne des Espoirs aujourd’hui au CUC) 2 fois par semaine tout comme mon orthophoniste pour poursuivre ma rééducation ». Le contraste est saisissant avec le garçon brisé dont la reconstruction puisait toute l’énergie rencontré l’an dernier. « J’ai le sentiment de m’en être sorti » sourit Thomas. « Il y a un an, ma seule préoccupation était autour de la vie, de ce qu’elle pourrait être et de l’autonomie que j’espérais récupérer pour la construire. Tout le reste était secondaire. Aujourd’hui, je sais que cela va aller, que les choses ont beaucoup évolué et vont continuer de le faire. Je peux désormais m’accorder de vivre, plus simplement survivre. » Dans cette éclaircie, le Rugby et l’ASM ont finalement retrouvé leur place. « Pour être honnête, c’était assez inespéré. Pour moi, tout cela était fini… et puis en retrouvant de l’autonomie, j’ai repris goût au rugby ».

Thomas vit toujours chez ses parents, depuis son accident, mais sa voiture et ses progrès lui ont redonné une autonomie à laquelle tous les jeunes de son âge aspirent. « Je vais où je veux, quand je veux… je revis un peu comme avant », savoure le jeune homme désormais engagé dans un service civique avec l’ASM qui joue pleinement son rôle social et sociétale avec Thomas. « C’est un projet qui a été mis en place avec l’Association et l’aide de Didier Rétière », détaille-t-il. « Dans ce cadre, je passe un Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport (BP JEPS). Je suis engagé sur plusieurs projets dont la coordination de la bourriche, l’accueil et l’aide aux devoirs des jeunes sportifs de l’ASM et aussi une mission auprès des moins de 10 ans de l’ASM. » En revenant à l’ASM de manière un peu « inespérée » il a aussi réanimé sa vie de sportif oubliée depuis 18 mois. « Un peu par hasard, Freddy Maso (directeur sportif de l’ASM) m’a proposé d’essayer le lancer du poids handisport. J’ai très vite accroché ! Cela ne fait qu’un mois que je pratique mais je suis à fond. » Au point de participer au championnat de France dans les semaines à venir du côté de Metz ! « C’est vrai que cela va très vite mais lors de la première compétition j’ai fait 7m43… ça doit être pas mal, puisque Pierre-Olivier avec qui je m’entraine à fait lui 7,49m et pratique depuis 3-4 ans après un AVC comme moi ! » Il ne fallait pas grand-chose pour repiquer le sportif qui sommeillait en lui. « Franchement je n’ai pas envie de passer pour un guignol à Metz, alors, là, je vais faire du tapis tous les jours et je me suis mis ça en tête. Je veux lancer plus loin que la dernière fois et lancer plus loin à chaque fois… » L’ASM lui a aussi et surtout permis de retrouver le Rugby et les terrains, certes pas de la même manière mais « avec tellement de plaisir ». Ainsi c’est aux côtés de Salomé (Perraudin) et Françoise (Mayot) les deux encadrantes diplômées des U10 (et joueuses de l’ASM Romagnat Rugby Féminin) entourées d’une vingtaine de gamins que Thomas se retrouve tous les lundis et mercredis soirs.