S’il y a bien un club dont il est difficile de prévoir le niveau de performance d’une saison sur l’autre c’est bien le Stade Français. Cela fait partie de leur culture, de leur histoire et de leurs succès construits sur des coups d’éclat, des paris fous ou des fins de saison improbables à l’image de leur dernier titre (en 2015 face à Clermont alors qu’ils frôlaient la relégation quelques mois plus tôt (11ème à la 15ème journée) avant d’enchaîner une dernière ligne droite en boulet de canon…) Pas à un étonnement près, les soldats roses sont depuis le coup d’envoi de la saison d’une régularité impressionnante et vont tout droit vers des phases finales qu’ils retrouveront très probablement pour la troisième fois lors des treize dernières saisons.

 

Le président parisien, Hans Peter Wild, s’était publiquement agacé en fin de saison dernière après une énième saison en dents de scie que ses hommes avaient terminé dans le ventre mou du Top 14 (11ème), lassé par une forme de nonchalance avec lequel son club évoluait. Sur le papier pourtant, le talent était bien là et il ne fallait pas grand-chose pour aligner les planètes. L’arrivée de Morgan Parra, le leader dont les joueurs de la capitale avaient probablement besoin, la connexion facile avec Gonzalo Quesada, pourtant remplacé en fin de saison prochaine, ou l’émergence d’une nouvelle génération pleine de talents (Delbouis, Barré, Hamdaoui, Etien ou Hirigoyen) ont rapidement mis les Parisiens dans le bon sens. A 3 journées de la fin de la saison régulière, les joueurs de la capitale ont déjà 15 points de plus au compteur que la saison dernière et un pied en phase finale avec 8 points d’avance sur les Racingmen (actuellement 7ème).

 

Plus que leur régularité sur la saison et leur retour au premier plan c’est le contenu qui dénote avec le rugby auquel ils avaient habitué les observateurs. Les hommes de Gonzalo Quesada qui depuis des saisons avaient développé une identité spectaculaire s’épanouissant dans le désordre et les fulgurances de quelques facteurs X dont faisaient partie Waisea, Sanchez, Danty, Camara ou Parisse (tous ont aujourd’hui quitté le club) se sont recentrés sur l’efficacité. Paris est depuis le début de la saison la meilleure défense de France avec 403 points encaissés seulement (17.5/ match et à peine 6 points en moyenne en seconde période !) et possède la meilleure conquête du championnat (86% d’efficacité en touche et 89% en mêlée). Des bases solides et une rigueur antinomique au fonctionnement de ce club à nul autre pareil qui porte pourtant ses fruits à l’image de son ouvreur et buteur, Joris Segonds, qui trône après 23 journées tout en haut du classement des meilleures réalisateurs du championnat avec 215 points inscrits. Forts en conquête, solides en défense et efficaces dans les zones de marque, les Parisiens récitent un rugby probablement plus simple que dans le passé mais diablement plus efficace. Leur classement n’est finalement qu’une simple conséquence des profonds changements imposés par le stratège argentin. Déjà vainqueur à 3 reprises (Pau Racing et Brive) et revenu avec un nul (à Toulouse) cette saison à l’extérieur, Paris ne voyage plus en classe « touristes » … méfiance.