Les résultats sur les autres pelouses (victoire de Brive à Montpellier et défaite de Castres à Pau) ont donné un intérêt tout particulier à cette 25ème journée de championnat. Le vainqueur de ce Bayonne-Clermont aura les cartes en mains pour aller chercher, sur la 26ème journée de championnat, la huitième et dernière place qualificative pour la Coupe d’Europe. Pour y parvenir, c’est un véritable exploit que devront réaliser les hommes de Christophe Urios face à une équipe Bayonnais qui n’est plus au stade de la surprise mais à celui de la confirmation. Les Basques qui sont toujours invaincus à Jean-Dauger après avoir fait tomber les 7 équipes devant les Auvergnats auront sur les épaules le costume de patron...les Clermontois devront tout faire pour les dévêtir.

Après les premières victoires de la saison à domicile face au Racing, La Rochelle et Bordeaux, les Basques parlaient « d’euphorie », ensuite, ils ont confirmé face à Perpignan et Toulouse avant de venir s’imposer ici en Auvergne (20-25) plongeant les Jaune et Bleu dans une période compliquée. Camille Lopez, l’enfant chéri du Michelin pendant de longues saisons, revigoré par son retour au Pays, pensait alors « qu’il fallait garder les pieds sur terre parce que cela allait forcément basculer de l’autre côté à un moment… » ce moment on l’attend toujours et si les Bayonnais ont montré de plus en plus de solidité au fil de la saison s’en remettant parfois même « au miracle » aux dires de son ouvreur artilleur au soir de la victoire dans les dernières secondes face au Stade Français (18ème journée), ils ont très vite écarté leur premier objectif de maintien pour s’offrir le droit de rêver à mieux. Seuls les Palois, dans un contexte de délocalisation toujours difficile à appréhender, ont profité de la fenêtre de tir offerte pour priver les Basques d’un bilan pour l’instant parfait à domicile (que les Toulousains sont les seuls à tenir cette saison). Dans un stade Jean-Dauger, remodelé pour que son merveilleux public puisse chanter et partager ses émotions avec son équipe, les joueurs de l’Aviron affichent de très solides certitudes articulées autour d’un jeu basé sur le combat et la pression… de la vraie culture basque.

Bayonne Roi de la dépossession

Tactiquement, les Bayonnais sont ceux qui tiennent le moins le ballon durant les rencontres (avec 47% de possession). Un système basé sur la dépossession et l’occupation grâce au jeu au pied performant de leur ouvreur Camille Lopez qui trône en tête de toutes les statistiques du championnat dans le jeu au pied de déplacement (8439 mètres gagnés, 254 coups de pied donnés et une forme de dépendance puisqu’il est le troisième joueur le plus utilisé du championnat avec 1730 minutes jouées). L’assurance du maître à jouer de l’Aviron permet de limiter les risques ne jouant que de façon exceptionnelle dans ses propres 40 mètres. Ensuite, l’Aviron impose une pression de tous les instants grâce à des joueurs mobiles à l’image des infatigables Pierre Huget ou Facundo Bosch qui figurent parmi les meilleurs plaqueurs du Top 14 (avec respectivement 290 et 183 plaquages cette saison). Comme Clermont, Bayonne concentre plus de 50% de ses essais après un lancement en touche. L’Aviron construit ses victoires sur la puissance et la mobilité de son pack mais aussi sur la régularité de son buteur. Camille Lopez approche les 95% de réussite (55/58) avec seulement 3 échecs au pied cette saison pour 167 points inscrits. Il serait réducteur de réduire l’Aviron à son ouvreur puisque de nombreux joueurs réalisent une saison impressionnante comme le jeune gaucher Mathis Perchaud, le troisième ligne centre Uzair Cassiem ou encore le Fidjien champion olympique Sireli Maqala (67 plaquages cassés et 15 franchissements cette saison). Une somme d’individualités que Gregory Patat a la capacité de transformer en un groupe solide et déterminé qui s’imprègne de l’ambiance et de la force du public de Jean-Dauger pour se sublimer dans un stade où tous les amoureux du rugby aiment jouer.

C’est tout cela que les Clermontois devront parvenir à ébranler pour faire douter une équipe de l’Aviron qui n’a pas souvent tremblé sur ses terres depuis le début de la saison. L’Europe sera au prix de cet exploit …