Florent Menegaux, président du groupe Michelin, et Yves Chapot, co-gérant du groupe, étaient en visite au club en début de semaine dernière. Une matinée de travail et de partage avec les salariés du club afin d’affirmer leur total soutien envers la nouvelle direction et la stratégie mise en place pour l’avenir de l’ASM Clermont Auvergne. En toute sincérité et franchise, le président du groupe s’est ensuite prêté au jeu des questions - réponses avec l’ensemble des joueurs et des staffs avant de s’entretenir avec nous. Entretien avec Florent Menegaux...

 

Quelle place le sport occupe-t-il dans votre vie ?

Aujourd’hui, je vais dire que je m’entretiens. Pour exercer ma fonction, je me dois d’être en bonne forme physique pour gérer les décalages horaires, avoir de la disponibilité mentale et m’adapter à une entreprise qui travaille dans le monde entier 24 heures sur 24. Pour pouvoir réaliser cela, il faut s’astreindre à une discipline de vie forte. Le sport m’aide à tenir cet équilibre. Il est aussi un allié important au niveau mental afin de gérer toutes les phases de stress et optimiser ma concentration.

Quel est votre regard sur le Rugby ?

Il passe évidemment par l’ASM. Nous avons des liens historiques et nous aimons beaucoup le rugby pour toutes les valeurs que ce sport véhicule : l’effort collectif, le respect de l’adversaire, la capacité à avancer…même en reculant. C’est amusant comme concept : faire des passes en arrière pour permettre d’avancer. Je trouve que philosophiquement, il y a des choses intéressantes derrière la première règle du Rugby. C’est un sport qui sollicite tout le corps mais surtout dans lequel l’individu est obligé d’être au service du collectif pour que l’équipe performe. Ce sont des valeurs très fortes. Le public est également particulier ; il exprime sa passion de façon totale sans jamais basculer dans l’opposition de l’autre. Le Rugby possède un public respectueux.

L’ASM a été créé en 1911 par Marcel Michelin. Le sport a toujours eu une place particulière dans le groupe. Est-ce toujours un élément fort et un équilibre important ?     

Tout à fait. Nous considérons que le corps est divisé en 3 parties. Vous avez la tête, le cœur et les jambes. Et si l’une de ces trois parties est trop déséquilibrée, en réalité, la personne ne se développe pas correctement. Le sport est donc une façon de mobiliser le cœur et des jambes. Le sport fait partie du développement de tous. Marcel Michelin a fondé l’ASM pour que toutes les personnes puissent trouver un bon équilibre entre leur santé physique et mentale.  Cela revient finalement à ce que je vous disais précédemment : un équilibre nécessaire, toujours d’actualité 110 ans plus tard. Le groupe travaille ainsi à cet équilibre pour ses salariés, avec l’ASM Omnisports, notamment en France, sur beaucoup de nos sites, afin d’aider à entrainer nos équipes à différentes heures de la journée en travaillant sur la diététique ou simplement au niveau de l’entrainement physique. Nous avons deux salles sur le site des Carmes où l’ASM Omnisports permet à nos salariés de s’entretenir régulièrement.
 

L’humilité : c’est accepter que tout ne se produise pas comme on aurait pu le prévoir… 

Florent MENEGAUX

Quelles sont les valeurs communes ou inspirantes que le rugby peut partager avec un groupe comme Michelin ?

L’engagement, tout d’abord. Le Rugby est un sport de combat où le respect de l’adversaire, le respect de soi, l’humilité sont des facteurs de réussite. Dans ce sport, il est nécessaire de se remettre constamment en question, de procéder différemment et de chercher à s’adapter en composant avec un adversaire qui a sa propre personnalité, sa propre envie et aussi sa propre stratégie. L’humilité : c’est accepter que tout ne se produise pas comme on aurait pu le prévoir… Elle est indissociable de la réussite sur le terrain et dans l’entreprise.

 

Lors de votre arrivée en Auvergne, avez-vous perçu l’importance de l’ASM sur son territoire ?

Je suis arrivé dans le groupe Michelin en 1997. J’ai immédiatement perçu que tout le territoire vibrait pour l’ASM. A chaque fois que je le parcours pour des raisons personnelles ou professionnelles, je mesure tout l’engagement et la passion qui existent autour du club. La région est constellée d’autocollants sur les voitures, sur les portes des maisons, des fermes…L’ASM vibre dans le cœur de tous les Auvergnats, mais aussi bien au-delà. Nous le percevons également en interne, chez Michelin : lors des grands matchs de l’ASM, tous les bureaux sont en effervescence. J’ai pratiqué le rugby lorsque j’étais jeune, j’en garde de bons souvenirs et un attachement tout particulier… j’étais très heureux de le retrouver à travers l’ASM lorsque je suis arrivé en Auvergne.
 

Désolé nous ne trouvons pas l'image

Quels sont vos meilleurs souvenirs dans ce stade ou associés au club ?

Les meilleurs moments sont ici au stade Marcel-Michelin, quand tout à coup il y a cette communion entre l’équipe, les supporters, ce stade. Ce sont des moments formidables, une sorte de vibration inexplicable que seules les personnes présentes dans ce stade peuvent ressentir. Cela est d’ailleurs perceptible sur les performances qui sont meilleures à domicile qu’à l’extérieur. L’union de ce stade est une force.

« Quand les Jaune et Bleu gagnent, c’est l’ensemble du groupe qui est fier. »


Quelle fierté un groupe comme Michelin peut tirer d’un club comme l’ASM ?

Encore une fois, dans le rugby et le monde sportif, l’équipe de l’ASM est le porte-drapeau de Michelin mais aussi d’un territoire. Et notre empreinte sur le territoire est très forte dans le groupe. Il faut se rappeler que Michelin est la seule entreprise de cette dimension ayant son siège en dehors de la capitale. Nous sommes en symbiose avec notre territoire. Michelin est une entreprise enracinée en Auvergne avec un rayonnement mondial. Avec l’ASM, nous partageons les mêmes couleurs et beaucoup de valeurs. La réussite de l’ASM est partagée par tout le groupe. Quand les Jaune et Bleu gagnent, c’est l’ensemble du groupe qui est fier.

L’ASM est un élément fédérateur du territoire, peut-elle être aussi un élément rassembleur pour les salariés, et notamment les Clermontois ?

Oui bien sûr, mais pas seulement, puisque l’ASM est connue et reconnue dans le monde entier et à travers tout notre groupe. Nous sommes implantés partout dans le monde dans des terres de rugby que sont la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud ou l’Australie, et partout notre club de cœur est l’ASM. Les Jaune et Bleu existent partout, et comme je l’ai dit plus tôt, c’est une fierté pour de très nombreux collaborateurs à Clermont et bien au-delà. 

Vous venez de passer une matinée au contact du club, quelles énergies percevez-vous ?

En premier lieu, j’ai vraiment apprécié le respect des faits, le diagnostic sans concession qui a été partagé ce matin, expliquant la situation dans laquelle s’est trouvé le club après un certain nombre de choses liées à l’histoire. C’est important d’avoir cette conscience… non pas de vivre dans le passé mais de posséder les clefs permettant de rebondir et définir son futur. Un bon diagnostic est la base du progrès. J’ai perçu la volonté d’engagement et les dynamiques qui se mettent en place pour aller vers ce progrès, le club avance dans la bonne direction !

Jean-Claude Pats se disait surpris de la notoriété que confère la présidence de l’ASM, est-ce que cela vous étonne également ?

Parce que vous êtes extrêmement visibles ! L’ASM est présente dans les médias et à la télévision quasiment toutes les semaines. Lorsque je vais au stade, je me rends compte de ce que représente le club à travers les émotions qui se lisent sur les visages des supporters. Quand l’équipe gagne, ils sont heureux. Quand ils perdent, on ressent de la peine pour les joueurs… Cette manière de se projeter est assez formidable. Nous sommes vraiment dans le domaine émotionnel, dans le cœur des gens ; l’attachement est profond et intense. Le partage qui existe entre le club, son public et le territoire est sincère, il amène également des devoirs et des contreparties pour le club. Cela peut se traduire par de bonnes ondes quand tout va bien, mais aussi quelques remous quand cela fonctionne moins bien. Chez Michelin, nous avons comme principe de nous projeter dans une vision positive. Nous savons que l’ambition des dirigeants est de donner le cap du club sur le long terme afin d’aborder son avenir avec sérénité et ambitions pour les 30-40 prochaines années. Rien n’est plus important que l’institution. Les hommes passent, le plus important doit rester. L’exposition et la notoriété de Jean-Claude vont monter, nous l’avions prévenu, mais nous savons tous que ce n’est que temporaire et que cela fait partie des devoirs. Un jour, il y aura un autre président et d’autres collaborateurs. C’est comme l’équipe qui entre sur le terrain, les jours de match : les joueurs changent, seule l’ASM doit rester. Nous devons tous avoir conscience que nous ne sommes que de passage, moi le premier. J’ai un rôle à jouer, en ce moment, mon engagement est total, mais j’ai toujours en tête la temporalité de ce passage. Ce qui va rester, au-delà des personnes, c’est le groupe Michelin.