Jamais facile d’affronter le Castres Olympique que ce soit dans le Tarn où les Auvergnats ont mis 40 ans à retrouver la victoire entre 1976 et 2016 ou au Michelin où les Tarnais sont ceux qui avaient mis fin à l’incroyable série de 77 matchs sans défaite entre 2008 et 2014. Cette saison, les joueurs du CO ont un parcours assez similaire aux Auvergnats sans jamais parvenir à installer une dynamique sur de longues semaines mais toujours aussi pénibles et difficiles à lire. Bien plus qu’une équipe redoutée dans le jeu au sol, les Castrais sont capables de mettre beaucoup de jeu et cela dans toutes les zones du terrain.
Le Castres Olympique est une équipe de caractère. La dernière journée de championnat en est une nouvelle illustration puisque menés durant 60 minutes, les Tarnais sont parvenus à retourner la table face à des Montpelliérains dépités en inscrivant 2 essais dans les 20 dernières minutes pour empocher une précieuse victoire qui permet au CO de conserver toutes ses chances de qualification. Les fins de match sont une période où ils ont l’habitude de ne pas faire trop de cadeaux puisqu’ils n’encaissent que 4 points en moyenne entre la 60ème et la 80ème minute le début de saison (meilleure équipe du Top 14 avec Paris et la Rochelle). Les Castrais avaient aussi été capables de réactions d’orgueil, comme à Pau où ils avaient infligé 44 points aux Béarnais, une semaine après leur défaite à domicile devant l’ASM. Le jeu du CO toujours porté sur l’intensité, la pression et le combat au sol conserve une véritable identité et des données toujours relatives en termes de temps de jeu effectif ( seulement 771 minutes sur 23 rencontres soit 33 min, le plus faible du TOP 14) mais les choses changent avec l’apport de joueurs aimant évoluer dans le dos de la défense à l’image du seconde ligne Nakarawa (39 passes après contact, leader du Top 14) ou de l’explosif Nathanaël Hulleu (9 essais et 57 défenseurs battus) qui apportent beaucoup d’incertitudes sur les défenses adverses.
Tom Staniforth l’homme à tout faire !
Le Castres Olympique fonctionne depuis des années avec un très solide collectif, une conquête sereine et beaucoup de solidarité. De quoi compenser quelques fragilités individuelles comme les plaquages manqués (15%, plus forte proportion du championnat) ou une indiscipline assez élevée (11,5 pénalités en moyenne par match soit la 11ème équipe du championnat devant Bayonne, Paris et Oyonnax).
Du côté des joueurs à surveiller, les Clermontois devront garder un œil sur le seconde ligne australien Tom Staniforth, véritable homme à tous faire du CO. Le meilleur plaqueur du championnat (293 plaquages) et aussi le plus gros porteur de balle du Top 14 avec 282 ballons portés (plus que les troisièmes lignes centres !). C’est simple, tous les ballons ou presque du CO passe par cette plaque tournante géante, soit directement en conquête, soit dans les 2 premiers temps de jeu : Canaliser le géant australien sera un secteur clé de cette rencontre. L’ouvreur Pierre Popelin qui avait fait les beaux jours de Vannes avant de passer par la Rochelle et d’arriver cette saison au CO est aussi une très belle pioche pour les Tarnais. Le 4ème réalisateur de la saison de Top 14 (162 points marqués) s’est imposé comme le maître à jouer des Olympiens aussi bien dans l’animation offensive que dans le jeu au pied d’occupation où il est l’une des joueurs les plus performants du championnat (2ème du Top 14 derrière Camille Lopez dans les mètres gagnés au pied).
Dans un contexte très différent de la semaine dernière, les Auvergnats ont un nouveau défi en perspective pour juger de la solidité de leur collectif face à une équipe tarnaise qui en fait son fond de commerce depuis des années. Un beau test de caractère pour deux équipes qui peuvent s’offrir la chance de regarder vers le haut.