Remis de ses émotions, comme tous les spectateurs qui ont suivi le quart de finale remporté par les Filles de l’ASM Romagnat face à l’ogre montpelliérain, Vincent Fargeas, l’entraineur des avants, adjoint de Fabrice Ribeyrolles, revient sur cette rencontre incroyable de détermination et de confiance avant de se projeter sur la demi-finale face à Blagnac. Un remake de la finale de la saison dernière que les Auvergnates devront aborder avec cette même volonté de produire qui les a sublimées dans le « money-time » pour défendre avec une classe folle un bouclier qu’elles se promettent de défendre. Interview…

 

Vincent, elles vous font vivre de drôles d’émotions vos filles ?

Oui c’est un peu dans la continuité de ce qu’elles nous ont fait vivre la saison dernière et qu’elles ont décidé de nous faire partager à nouveau. Ce sont de belles émotions portées par un sacré caractère. On parle de solidarité, de victoire en groupe bien au-delà des 23 qui sont sur le terrain et elles prouvent, chaque semaine, que ce ne sont pas que des mots. Nous sommes très fiers d’elles. 

 

Face à Montpellier, toutes les filles ont affirmé ne jamais avoir douté. Est-ce également le cas du côté du staff ?

Au moment où Montpellier repasse devant (à 15-20 à la 76ème) on se demande si elles n’ont pas pris un coup derrière la tête, mais dans la minute suivante, elles ont montré qu’elles avaient encore de belles intentions. Leur réaction est à l’image de ce qu’elles sont : des championnes. Sur la rencontre, les choses auraient pu tourner dans un sens ou dans l’autre. Nous perdons quelques ballons importants lors de la première période, la conquête fut parfois bousculée…Ce fut longtemps partagé même s’Il y a une vraie domination de notre part sur la seconde période où progressivement notre jeu s’est libéré et mis en place. C’est comme cela que nous avions préparé ce match, en nous appuyant sur notre faculté à multiplier les temps de jeu et déplacer cette équipe de Montpellier. C’est comme ça que nous avons trouvé les solutions, jusqu’ à la 80ème sous 35°C, les Filles ont adhéré et eu confiance et en elles, jusqu’au bout.

 

Ce volume de jeu dont tu parles a beaucoup évolué cette saison. Est-ce le principal axe de progression du groupe depuis l’année dernière ?

Oui, nous avons construit ce groupe sur une très grosse assise défensive très agressive qui nous permet de mettre en difficultés nos adversaires mais il fallait faire évoluer ce projet au niveau de la prise d’initiatives. Avec Fabrice, nous avons cherché à ajouter des menaces dans d’autres zones du terrain sur de plus longs temps de jeu. Cela a été le gros travail de la saison avec le challenge de permettre aux filles d’oser, d’être constamment dans l’initiative. Cette dernière action de 3 minutes 15 sec de jeu qui offre l’essai de la gagne est une belle récompense de l’investissement et de la confiance des filles. Nous avons tous et toutes pris conscience que défendre et avoir une conquête ça ne suffit plus, pour gagner les matchs, il faut les jouer et provoquer notre destin. Elles ont la volonté et la force mentale de se dire « on va porter le ballon de nos 40 mètres jusqu’à la ligne d’en-but » en jouant rapidement 2 ou 3 pénalités à la main… et elles y arrivent ! 

 

« L’ossature du groupe et les liens sont très forts ! »

 

D’où vient cette confiance ? Du titre acquis la saison dernière ou de l’esprit de famille qui se dégage du groupe ?

De l’esprit de ce groupe. Beaucoup de filles ont un gros passé en commun. L’ossature et les liens sont très forts. Celles qui sont arrivées avec de l’ambition ont très vite adhéré à cet ensemble et la cohésion s’est encore renforcée. Nous avons également mis en place un accompagnement avec une préparatrice mentale. Quand elles ont pris l’essai à la 76ème, elles se sont toutes réunies en se disant « Ok, on a pris un essai, on va récupérer le ballon et on va aller gagner ce match. » Il n’y a pas eu d’affolement ou d’excitation, juste une forme de sérénité et de confiance. Dans ce genre de match, l’aspect mental est très important, il faut être capable d’évoluer à son meilleur niveau et ne jamais se contraindre dans la prise d’initiatives… Elles ont su rester froides, tenir le ballon, multiplier les temps de jeu et attendre pour exploiter la faille qu’elles ont fini par trouver.  

 

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Vous allez retrouver Blagnac, en demi-finale, pour un remake de la finale de la saison dernière. Qu’ont-elles de différent des Montpelliéraines ?

Je pense que cette équipe de Blagnac est encore plus portée par le jeu et le mouvement. Elles sont complètes et expérimentées avec de nombreuses internationales et des joueuses très prometteuses. Comme nous nous l’étions dit l’an dernier, c’est une équipe qui nous ressemble avec l’envie de développer un jeu ambitieux, un rugby debout et en mouvement. Elles auront certainement un souvenir de la saison dernière et un supplément d’âme revanchard dans un coin de la tête. Mais c’est une nouvelle saison, sur un terrain neutre cette fois et tout le monde aura envie de franchir cette dernière marche pour jouer le match qui offre le titre. Il va y avoir une grosse dimension mentale à gérer des deux côtés dans un match qui à mon avis sera très ouvert. Blagnac a une conquête très solide et des filles qui mettent beaucoup de danger sur les extérieurs, ce sont des domaines que nous devrons être capables de maîtriser avant de pouvoir, nous aussi, nous créer des opportunités. 

 

Après un quart de finale joué devant plus de 2000 spectateurs, quel soutien espérez-vous pour cette demi-finale à Brive (dimanche à 15 heures au stade Amédée-Domenech) ?
Nous ne savons pas trop. Beaucoup de travail est mis en place au niveau du club pour faciliter le transport des spectateurs que nous espérons les plus nombreux possible (NDLR : un bus de supporters est organisé au départ de Romagnat dimanche matin). La proximité de cette demi-finale à 1h30 en voiture nous laisse espérer. Les Filles font parler d’elles depuis quelques temps à travers leurs résultats mais aussi par le spectacle et les émotions qu’elles transmettent, elles le méritent. Il y aura tout pour vivre une belle après-midi de rugby dimanche à Brive pour cette demi-finale. 

 

1/2 Finale du Championnat de France de Rugby Féminin Elite : ASM Romagnat / Blagnac, dimanche 29 mai  à 15, stade Amédée-Domenech de Brive. 

 

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