L’arrière vannetais est un des chouchous de la Rabine. Natif de la ville, il a grandi, avant d’en être acteur, avec l’incroyable aventure des premiers Bretons à s’inviter dans l’élite du Rugby français. Entre rêve, saut dans l’inconnu, fierté et force d’un groupe, il nous raconte le début des Vannetais en Top 14. Interview…
Tu as commencé le rugby à Vannes à 12 ans, alors que le club était en Fédérale 1, aujourd’hui le club évolue en Top 14, qu’est-ce que cela représente pour toi l’enfant du club ?
Ça représente un travail colossal de la part du club depuis une vingtaine d’années. C’est aussi une certaine consécration du parcours de Vannes puisqu’il y a eu pas mal d’embuches pour atteindre ce niveau. Il y a beaucoup de fierté de la part des Vannetais d’accompagner ce club en Top 14 après tout le travail et l’engagement qui ont été nécessaires. Il y a quand même un peu de Rugby en Bretagne et je crois que tout le monde, chaque Breton ici, est fier d’avoir un club en Top 14.
Cet engouement et cette fierté, dont tu parles, ont-ils fait boule de neige avec l’ascension du club lors des dernières années ?
Oui c’est exactement cela. Je me souviens qu’au début nous ne jouions pas à la Rabine mais dans un petit stade où nous nous entrainons aujourd’hui…puis nous avons vu les tribunes se garnir petit à petit, le stade évoluer aussi et les supporters venir de plus en plus nombreux. Tout cela a pris et nous sommes sur série de plus d’une quinzaine de matchs à guichets fermés à la Rabine. C’est vraiment incroyable.
Comment avez-vous ressenti ce changement de statut au sein de la ville et de la Région au fil des saisons ?
Il y a 60 000 habitants à Vannes ce n’est pas très grand mais nous sommes le seul club pro de la ville et les matchs sont passés du vendredi soir au samedi aprèm, Vannes vit désormais au rythme du Rugby et il y a une bonne partie de la ville au stade à chaque fois que nous recevons. La notoriété est plus grande mais l’accessibilité est la même. Les Bretons sont très accueillants et pudiques, il y a un grand respect mutuel entre les joueurs et le public.
Cette montée en Top 14, est-ce un rêve ou un saut dans l’inconnu ?
C’est le deux à la fois. Le Top 14 est le meilleur championnat du monde, nous allons rencontrer des grandes équipes avec de grandes histoires… des équipes que nous regardions à la TV quand nous étions petits. On s’émerveillait devant ce championnat mais maintenant que nous y sommes c’est effectivement un saut dans l’inconnu. Nous sommes plutôt bien rentrés dans ce championnat, et il faut à la fois sortir du rêve et de l’inconnu pour passer à l’action.
Penses-tu que la dynamique que vous avez depuis plusieurs années vous porte depuis ce début de saison ?
Oui je pense que l’homogénéité du groupe et la qualité de nos renforts ont fait que la mayonnaise continue de prendre. Malheureusement, il nous manque une victoire ou deux pour être dans notre tableau de bord. Nous n’avions de toute façon pas le temps de tout reconstruire, il fallait intégrer au plus vite nos recrues dans notre projet. Maintenant, nous avons pris possession de ce nouveau championnat, nous avons souvent « matché », désormais il faut parvenir à gagner.
On sent de la déception sur certains matchs de ce début de saison…
Oui il y a de la frustration car on sait que nous n’avons pas de marge et qu’il faut que nous soyons à 100% chaque semaine. Mais parfois la pièce ne tombe pas du bon côté. Il faut que nous soyons au contact dans le money-time à chaque match et parfois la pièce nous récompensera.
Pour la pérennité du club de Vannes nous ne sommes pas là pour s’émerveiller dans ces stades mais pour y jouer.
Les clubs habitués du Top 14 reçoivent les Vannetais avec un petit côté « atypique », avez-vous parfois l’impression d’être en tournée ?
Je ne sais pas, nous ne sommes pas du tout là-dedans. Nous connaissons l’histoire de chaque club mais nous ne sommes pas en visite, nous savons qu’il y a une équipe à affronter et parfois des équipes très au-dessus mais aussi certains atteignables. Le lundi on se projette toujours sur le club et son histoire…mais dès le mardi on se projette sur la manière d’aller chercher un résultat. La tournée c’est plus pour nos supporters qui ont l’occasion découvrir de grands stades de notre sport.
Après Mayol, le Michelin, est-ce tout de même impressionnant de découvrir ces stades ?
Forcément ce sont de grands stades avec des grandes histoires mais je me répète, pour la pérennité du club de Vannes nous ne sommes pas là pour s’émerveiller dans ces stades mais pour y jouer. Tant mieux s’il y a du monde, de l’ambiance mais pendant 80 minutes nous sommes focalisés sur notre match. On respecte l’histoire de chaque club mais on doit mettre ça de côté et combattre pour survivre.
Vous avez posé des difficultés à tous les clubs depuis le début de la saison. Clermont sort d’un match compliqué face à Toulouse… Comment te projettes-tu sur le match à venir ?
On sait que Clermont a pris 0 point à l’extérieur qu’elle vise tous ces matchs à domicile, nous savons que le coach Urios a la faculté de mobiliser ces hommes sur les fondamentaux et le combat, on s’attend à un gros combat. Il faudra, avant tout, répondre dans ce secteur pour espérer entre encore là dans le money time et voir comment ça se passe. On se prépare à beaucoup d’agressivité et de combat dans ce beau stade Michelin.
Après quelques rencontres, quelles sont les plus grosses différences que tu constates entre la Pro D2 et le Top 14 ?
En Top 14 tous les joueurs sont des athlètes ! En Pro D2, il y en a quelques-uns mais en Top 14 vraiment du 1 au 15 ça va très vite et la moindre erreur est pénalisée aussitôt. La moindre perte de ballon, le moindre relâchement, ou incompréhension peut faire très mal. Du coup d’envoi au coup de sifflet final, nous ne devons jamais relâcher notre concentration. 30% des matchs en Top 14 se jouent dans le money time, il faut pouvoir être encore là dans ce moment-là.